Le bien-être au travail : la nouvelle énergie vitale des entreprises africaines par Pamela N’Guessan

CHAPEAU

Et si le bien-être humain devenait enfin un pilier stratégique des entreprises africaines ? 

Entre prise de conscience lente mais réelle et impératifs de performance économique, un vent nouveau souffle sur les RH et les RSE africaines. Place à l’humain, au vrai. Pas à la machine à café, mais à l’être en quête de sens, d’équilibre, de reconnaissance. Et si les décideurs étaient les premiers concernés ?

Un tabou en voie de guérison
L’Afrique bouge, entreprend, crée. Mais à quel prix humain ? Trop souvent, la réussite est mesurée à l’aune du chiffre d’affaires, au détriment du facteur invisible mais essentiel : le bien-être des femmes et des hommes qui font battre le cœur des entreprises. Longtemps ignorée, la santé mentale en milieu professionnel sort lentement de l’ombre. Une bonne nouvelle quand on sait que, selon l’OMS, la dépression sera la première cause d’incapacité au travail dans le monde d’ici 2030. Spoiler : l’Afrique n’échappera pas à cette tendance.

Du RH au RÉHUMAIN : les nouveaux rôles des managers africains
Et si les RH devenaient des "Révélateurs d’Humanité" ? Le rôle des Ressources Humaines ne se limite plus à recruter et gérer les absences. Dans les entreprises africaines, notamment dans les pôles urbains dynamiques comme Abidjan, Dakar, Lagos ou Nairobi, on voit émerger une génération de DRH humanistes. Ils parlent de qualité de vie au travail (QVT), de charge mentale, d’équilibre pro/perso, et même (soyons fous) d’écoute active !  

À noter : Une étude menée par Mercer Africa en 2024 a révélé que 72 % des salariés africains attendent de leur employeur un engagement clair pour leur bien-être psychologique. Oui, on en est là.

Quand les RSE deviennent des acteurs de transformation
Responsabilité Sociétale des Entreprises : le mot est parfois galvaudé, souvent mal compris. Pourtant, dans une Afrique où les mutations sociales et économiques s’accélèrent, la RSE devient un levier formidable pour replacer l’humain au cœur du projet d’entreprise. Organiser des ateliers de gestion du stress, offrir un accompagnement en TCC (clin d'œil à ma double casquette), ou instaurer des temps de pause mentale , ce n’est pas du luxe. C’est de la stratégie. Une étude de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) démontre qu’un salarié épanoui est 31 % plus productif et 3 fois moins absent. CQFD.

Des décideurs en quête de sens : le bien-être, un miroir pour eux aussi
Et si l’implication des leaders ne passait pas seulement par la signature de la politique bien-être, mais par leur propre exemplarité ? Car non, un DG qui dort 4h par nuit et enchaîne 60 heures de réunion n’est pas inspirant. Il est fatigué, irritable, et probablement en burn-out silencieux. L’implication authentique des décideurs commence par leur propre rapport au bien-être. Prendre soin de soi, c’est déjà soigner sa culture d’entreprise. Un chef d’entreprise qui médite ou consulte un thérapeute ne perd pas son autorité. Il gagne en lucidité et en humanité.

Un appel à l’audace collective
Il est temps d’oser une nouvelle vision du développement humain en entreprise. Les Africains n’ont pas à choisir entre performance et bien-être. Ils ont à créer leur propre modèle, inspiré de leur richesse culturelle, de leur résilience historique, mais aussi de l’écoute des réalités modernes.Il ne s’agit pas de singer les grandes entreprises européennes ou américaines, mais de bâtir un futur où la santé mentale et émotionnelle des collaborateurs est un actif à haute valeur.

Conclusion : Et si l’humain était notre prochain capital ?
L’Afrique se construit. Ses entreprises aussi. Mais elles ne bâtiront rien de durable sans une vraie attention portée à l’humain. Le bien-être en entreprise, ce n’est pas une tendance occidentale importée. C’est une nécessité endogène, vitale, pour libérer les talents, fidéliser les équipes, et construire un futur digne de nos ambitions.

Par Pamela N'guessan
Journaliste santé, communicante stratégique  et praticienne TCC , pour Afrique Perspective Santé et Bien-Être