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Bernard Chabaud : Équilibre et Leadership

27/11/24

par :

Pamela Annick N'guessan

Parcours d’un Visionnaire Entrepreneuriat et Bien-Être

Chapeau :
Dans cet entretien mené par Pamela Annick N'guessan pour Afrique Perspectives Santé & Bien-Être, Bernard Chabaud, figure du conseil stratégique et du secteur international de la mode, dévoile les ressorts d’un leadership authentique, fondé sur l’équilibre de vie et l’ouverture culturelle. Avec un parcours marqué par la diversité et l’engagement, il partage des réflexions profondes sur la résilience, les valeurs humaines et la vision du bien-être. Une rencontre inspirante pour comprendre comment concilier réussite professionnelle et épanouissement personnel à travers les regards croisés de cultures diverses.


« La diversité culturelle est une richesse inestimable: elle nous apprend à voir le monde autrement et à puiser dans chaque rencontre de nouvelles forces pour évoluer, personnellement et professionnellement. »


1. Vos premiers pas et votre évolution :

Pourriez-vous nous partager ce qui vous a motivé à entrer dans le monde de la mode et du conseil de direction ? Quels sont les événements ou les mentors qui ont le plus marqué votre parcours ?À travers ces différentes étapes, quels sont les défis personnels et professionnels qui vous ont le plus façonné ?


Réponse:

Je viens du Nord de la France, aujourd'hui appelé les Hauts-de-France, une terre d'accueil et de travail. Après mon retour du service militaire, j’ai occupé divers emplois – manutentionnaire aux halles, magasinier, employé administratif, disc-jockey et même élève infirmier en psychiatrie dans un centre d’hygiène mentale pendant un an et demi. Cette expérience a marqué mon parcours, car la santé mentale reste une question humaine fondamentale. Ma scolarité s'était arrêtée tôt, en classe de première, car je n’étais pas à l’aise sur les bancs scolaires. C’est le sport, en revanche, qui m’a apporté l’équilibre.


Dès l’âge de neuf ans, je jouais au football en milieu scolaire et en club, remportant deux cross-country, cinq championnats de football en catégorie cadet, une coupe du Nord, et même une sélection en équipe de France scolaire, puis avec le Lille OSC. Ces expériences sportives, même si elles n’ont pas eu d'impact positif sur mon parcours scolaire, m'ont donné des bases solides. Avec le recul, je pense que j'aurais pu envisager une carrière professionnelle dans le sport, comme l’ont fait certains de mes coéquipiers, tels que Pierre Lechantre, qui a ensuite entraîné l’équipe du Cameroun vers une victoire à la Coupe d’Afrique des Nations.


À mon retour du service militaire, j’ai travaillé comme commercial à Paris dans un studio d’art graphique et une imprimerie, où j’ai eu l’audace de prendre rendez-vous avec des couturiers comme Jacques Estérel et André Courrèges. Ce poste m’a donné de l'assurance, mais les commissions prenaient du temps à venir, et j'étais un jeune marié. Je suis donc revenu à Lille et ai rejoint le groupe Agache-Willot, où mon passé sportif avait séduit le dirigeant, président du club de football, même si cette proximité a suscité des jalousies. Naïf et jeune, je ne comprenais pas encore la dynamique de ces relations.


À l'époque, il était facile de trouver un emploi, et j’ai ensuite intégré le groupe Prouvost Masurel, un grand acteur du textile avec des marques comme Lacoste et Rodier. Je faisais partie des "jeunes pousses" et ai rapidement été promu avec la responsabilité d’implanter une nouvelle ligne de produits dans le sud de la France, puis en Angleterre. Mon épouse ayant refusé de déménager, j’ai dû quitter l'entreprise après six ans.

Par la suite, j'ai travaillé chez Anny Blatt, une marque de tricot haut de gamme, où j’ai créé un réseau de 85 franchisées passionnées de tricot, contribuant au succès de la marque. Déçu par le manque de perspectives d'évolution, je suis parti pour rejoindre Chevignon en tant que directeur commercial, avec la mission d'ouvrir des boutiques à travers le monde, à Tokyo, New York, et Paris. Cette expérience passionnante s'est poursuivie pendant près de dix ans, mais le marché a changé avec l'arrivée de Zara et d'autres concurrents.


Ensuite, j’ai rejoint le groupe italien Marzotto, où j’ai géré le développement de marques prestigieuses telles que Marlboro Classics, Gianfranco Ferré et Valentino, tout en ouvrant des franchises Marlboro Classics. À l’approche de la soixantaine, j’ai accepté une mission de rapatriement de filiales pour San Marina, puis une dernière expérience dans le groupe allemand Hucke. Après cela, je me suis orienté vers le conseil pour aider de jeunes stylistes.


Les personnes qui m’ont marqué sont ma mère, qui avec des moyens modestes m'a donné une éducation solide, Achille Peyronnet d’Agache-Willot, Saïd Amriou de Chevignon, et d’autres dirigeants du secteur textile, ainsi que ma famille – ma femme et mes deux enfants – qui ont été mes principales motivations.


2. Bien-être et équilibre de vie dans des carrières exigeantes :

Dans des industries souvent perçues comme exigeantes et stressantes, comment avez-vous géré votre propre bien-être ? Quelles stratégies avez-vous adoptées pour maintenir un équilibre ? La pression et la compétitivité sont des réalités dans des postes de haute responsabilité. Quelle est votre approche pour protéger votre santé mentale et rester résilient ?


Réponse:


C’est le sport, et notamment le football que je pratique encore en amateur, qui m'a permis de me détendre et d’oublier les pressions professionnelles. Le dimanche, sur le terrain, je retrouvais des amis de tous horizons, loin des préoccupations de travail. Avec les années, j’ai appris à ne pas ramener les problèmes professionnels à la maison, malgré un emploi du temps chargé et de fréquents voyages. Le sport m’a aussi appris à gérer le stress, à travers la respiration et la pleine conscience. À 75 ans, je continue de courir dix kilomètres tous les trois jours sur les sentiers des bords de Seine, profitant de la lumière du petit matin.


3. Vision du bien-être et de la santé :

Selon vous, qu’est-ce qu’une vie équilibrée ? Quelles pratiques de santé et de bien-être vous semblent essentielles, que l'on soit en Afrique ou ailleurs dans le monde ? Auriez-vous des conseils pour nos lecteurs sur la manière de construire une vie alignée avec leurs valeurs, tout en cultivant bien-être et réussite professionnelle ?


Réponse:


Une vie équilibrée repose aussi sur une alimentation saine. J’ai eu la chance de bénéficier des conseils de ma belle-mère, qui tenait un magasin pionnier en alimentation naturelle, et qui nous a transmis des principes essentiels pour une vie saine. En plus de l'alimentation et du sport, la culture et les amis sont essentiels pour s'évader et maintenir un équilibre, tout comme l'implication dans l’éducation des enfants.

Les valeurs et principes diffèrent dans leur nature. Les valeurs évoluent avec le temps et les expériences, tandis que les principes sont plus immuables et servent de fondements universels.


4. L'importance de la diversité culturelle dans le bien-être :

Au cours de votre carrière internationale, avez-vous remarqué des différences dans la façon dont les cultures perçoivent la santé mentale et le bien-être ? Comment ces différences ont-elles enrichi votre propre perception ?En quoi pensez-vous qu'une plus grande compréhension culturelle pourrait enrichir les approches de bien-être à l'échelle mondiale ?


Réponse:


J’ai constaté, à l’international, des différences culturelles, notamment en Asie, aux États-Unis et en Amérique du Sud. Chaque culture a des approches uniques du bien-être et du travail, et certaines pourraient inspirer des pratiques plus humaines et équilibrées. Une compréhension mutuelle permettrait d’adapter ces apprentissages pour améliorer la qualité de vie professionnelle et personnelle.


5. Transmettre aux générations futures :

Qu'aimeriez-vous transmettre aux nouvelles générations qui aspirent à des carrières dans des domaines exigeants, tout en maintenant une qualité de vie personnelle satisfaisante ? Pour vous, quels sont les piliers d'une vie réussie, tant sur le plan professionnel que personnel ?


Réponse:


Aux jeunes générations, j’aimerais transmettre un esprit d’indépendance et de résilience, l’envie de privilégier l’entrepreneuriat au salariat. Il est essentiel de rester en cohérence avec soi-même, de développer ses compétences de manière continue, au-delà des parcours scolaires, par des activités associatives, sportives et culturelles. La lecture est aussi un outil puissant qui ouvre à d'autres univers et perspectives.

N'hésitez pas à prendre des décisions, à croire en vous et à tirer des leçons de vos échecs plus que de vos succès. Une vie personnelle épanouie est aussi essentielle à l'équilibre.


6. Bien-être et dynamique africaine :

Avec l’émergence de l'Afrique dans des secteurs de pointe, comment percevez-vous le rôle du continent dans l’évolution mondiale du bien-être et de la santé mentale ? Pensez-vous que l'Afrique puisse inspirer des approches de bien-être innovantes et adaptées aux réalités culturelles et économiques locales ?


Réponse:


Le continent africain, dans la perspective de l'Agenda 2063 de l'Union africaine, se dirige vers un développement inclusif. En 2024, 11 des 20 économies à la croissance la plus rapide devraient être africaines. En s’appuyant sur des initiatives comme le programme Google for Startups Accelerator et des cours en ligne ouverts, l’Afrique peut développer des approches innovantes adaptées aux réalités locales.


7. La diaspora africaine et le partage d'expériences :

Vous avez évolué dans un environnement multiculturel. Comment, selon vous, la diaspora africaine peut-elle contribuer au développement du bien-être en Afrique, notamment en partageant des expériences et des pratiques observées ailleurs ?


Réponse:


Le partage de connaissances, de compétences et d'expériences est crucial pour renforcer les liens entre l'Afrique et la diaspora. Des programmes tels que HADIP aux États-Unis facilitent l’intégration professionnelle des jeunes issus de la diaspora. Par la solidarité et le co-développement, des initiatives comme les réseaux de soutien pendant la pandémie de COVID-19 ont prouvé l'importance d'un "open source" de compétences pour construire ensemble l'avenir.


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