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Alberto Morgando : Diriger autrement, entre équilibre personnel et ouverture au monde

20/05/25

par :

Pamela Annick N'guessan

Un regard croisé sur le leadership, la santé globale et la richesse des valeurs africaines, par un dirigeant européen à l’écoute des enjeux de demain.

CHAPEAU 


Alberto Morgando, à la tête de structures internationales telles que Mavic, Lacelier ou Supra, s’impose comme une figure du leadership moderne : transversal, humain, et profondément connecté aux réalités culturelles et sociales de notre temps. Dans cet entretien exclusif, il partage sa vision d’un management fondé sur l’équilibre personnel, la santé mentale, le respect des diversités et l’inclusion.

D’origine italienne mais résolument tourné vers l’international, Alberto nous livre un regard précieux sur les liens à tisser entre l’Europe et l’Afrique, entre performance et bien-être, entre enracinement culturel et ouverture au changement.
Une conversation inspirante, destinée à éclairer les jeunes générations et les décideurs de la diaspora africaine en quête d’un succès aligné avec leurs valeurs profondes : soin de soi, écoute, ancrage et respect de l’autre.


1. Cheminement personnel et bien-être


Votre parcours professionnel vous a mené à travers divers secteurs. Comment avez-

vous intégré la quête de sens et de bien-être dans votre vie personnelle et

professionnelle ?

En effet, j’ai un parcours assez varié. J’ai commencé dans la logistique biomédicale, puis je

suis passé au secteur automobile, ensuite au conseil. Après quelques années dans le

conseil, je suis revenu en entreprise, d’abord dans le secteur des électroménagers, ensuite

dans les produits pour la salle de bain et le chauffage. J’ai ensuite dirigé un groupe dans le

secteur de la lingerie féminine pour arriver aujourd’hui à être Directeur Général d’une société

qui opère dans le sport, en tant que producteur de roues de vélo haut de gamme.

Dans ma vie professionnelle, j’ai toujours privilégié la nouveauté et la recherche de défis. Le

passage dans des univers très différents m’a permis de me nourrir de la nouveauté,

d’apprendre et de transposer des compétences d’un secteur à l’autre. Bien évidemment,

l’épanouissement professionnel ne peut pas être au détriment de notre équilibre personnel. Il

est donc toujours nécessaire de trouver un équilibre entre les deux, ce qui n’a pas été

toujours facile pour moi. Cependant, j’ai appris à reconnaître l’importance de cet équilibre et

à travailler activement pour l’atteindre.


En tant que leader, comment cultivez-vous votre propre équilibre intérieur pour

inspirer ceux qui vous entourent ?

Ma vie professionnelle est intense et je voyage beaucoup, tant en train qu’en avion, pour être

sur le terrain avec mes équipes et mes clients. Afin de garder un équilibre, j’essaye de

consacrer du temps à mes enfants, bien qu’ils soient grands. Passer du temps avec eux et

m’intéresser à leur vie, leurs études et leurs envies est essentiel pour moi. Le sport est

également très important, car il me permet de déconnecter des problématiques liées au

travail et constitue un élément fondamental pour me ressourcer. Bien évidemment, une place

fondamentale est réservée aussi à mes amis et à ma famille, bien que la distance

géographique n’aide pas toujours. L’équilibre est donc fait de plusieurs ingrédients que nous

devons maîtriser afin de pouvoir transmettre et inspirer les autres.



2. Santé et leadership


La santé mentale et physique est essentielle pour un leadership efficace. Quelles

pratiques adoptez-vous au quotidien pour maintenir votre bien-être global ?

Je n’ai pas de rituels stricts, mais je m’efforce de maintenir une certaine hygiène de vie. Le

sommeil est fondamental pour moi : j’ai besoin d’au moins 6 à 6h30 de repos par nuit pour


fonctionner efficacement, et je fais en sorte de respecter ce rythme. Côté alimentation, ma

culture méditerranéenne – italienne en l’occurrence – m’influence beaucoup. J’aime varier

les plats, manger équilibré, tout en m’autorisant quelques plaisirs sucrés de temps à autre.


Au-delà de ces aspects, je trouve essentiel de nourrir mon esprit par des échanges avec des

personnes d’horizons différents. Ces conversations, souvent informelles, m’apportent des

perspectives nouvelles et stimulantes. J’essaie aussi de pratiquer une activité physique

régulière, même si ce n’est pas toujours évident avec un emploi du temps chargé.


La lecture joue également un rôle important dans mon équilibre : je lis aussi bien la presse

que des romans, selon le moment et l’envie. Et quand j’ai besoin de vraiment déconnecter, je

me tourne vers des séries policières – un bon moyen pour moi de me détendre tout en

gardant l’esprit en éveil.


Comment encouragez-vous vos équipes à adopter des habitudes de vie saines, tant

sur le plan physique que mental ?

Je travaille dans un environnement naturellement tourné vers le sport, ce qui facilite les

choses : les équipes ont par exemple la possibilité de pratiquer une activité physique

pendant la pause déjeuner, ce qui est très apprécié.

Pour autant, je n’ai pas vocation à imposer des pratiques ou à donner des conseils non

sollicités. Je suis convaincu que chacun doit trouver son propre équilibre, à sa manière, en

fonction de sa personnalité, de ses contraintes et de ses besoins. Mon rôle est plutôt d’être à

l’écoute, de créer un cadre bienveillant et de rester attentif aux signaux faibles.

Si je perçois qu’un collaborateur traverse une période difficile ou semble en déséquilibre, je

n’hésite pas à lui proposer mon aide ou simplement à ouvrir un espace de dialogue, toujours

dans le respect de mon rôle et de ses limites personnelles.


3. Ouverture culturelle et inclusion


Bien que vous soyez d’origine italienne, vous avez travaillé dans des environnements

riches en diversité. Comment cette exposition à d’autres cultures a-t-elle enrichi votre

approche du leadership ?

Juste après mes études, je suis parti en France pour un premier stage, sans vraiment parler

la langue, mais avec une vraie passion pour Paris et la culture française. Cette première

immersion a été fondatrice. Depuis, j’ai eu la chance de travailler pour des entreprises

italiennes, françaises, américaines et anglaises, toujours dans des contextes très

internationaux.

Cette diversité m’a appris à être attentif aux sensibilités de chacun — qu’elles soient

culturelles, religieuses ou simplement liées aux habitudes de travail. Elle m’a aussi appris à

ne jamais présumer que ma manière de faire est la norme. Le respect est, selon moi, la base

de toute collaboration interculturelle. Mais ce respect doit être réciproque, et s’inscrire dans

un cadre commun, notamment celui des lois et des valeurs de l’entreprise.

Travailler dans des environnements multiculturels m’a permis de développer une forme de

leadership plus souple, plus à l’écoute, et surtout plus conscient de la richesse que

représente la diversité des points de vue.


Dans vos entreprises, comment favorisez-vous l’inclusion et la valorisation des

identités culturelles, notamment africaines, dans une perspective de respect mutuel

et d’échange authentique ?

Le secteur du cyclisme reste encore relativement peu développé en Afrique, ce qui limite

naturellement le nombre de professionnels issus de ce continent dans notre écosystème.

Cela dit, cette réalité ne doit pas être une fatalité, et elle ne m’a jamais empêché de

promouvoir une culture d’inclusion dans toutes les entreprises où j’ai travaillé.


J’ai toujours veillé à valoriser les identités culturelles dans leur diversité, en créant un

environnement où chacun peut s’exprimer librement, être reconnu pour ce qu’il est, et

contribuer pleinement à la dynamique collective. Cela passe par l’écoute, la curiosité sincère

envers les parcours de chacun, et la volonté de construire des ponts entre les cultures plutôt

que des barrières.

L’inclusion ne se décrète pas, elle se vit au quotidien, dans les échanges, dans les décisions,

dans la manière dont on compose les équipes et dont on célèbre les différences. Et cela

commence par un respect mutuel profond, qui ouvre la voie à des échanges authentiques et

enrichissants.


4. Impact social, responsabilité et  Vision future


Comment voyez-vous l’évolution des approches du bien-être, en particulier dans les

sociétés où les traditions, les solidarités communautaires et les médecines

holistiques jouent un rôle central ? En tant que dirigeant, comment percevez-vous votre rôle dans la promotion de la santé et du bien-être auprès des publics souvent sous-représentés ou éloignés des

circuits de soin classiques ?

Le bien-être est devenu un enjeu sociétal majeur, à la fois dans la sphère privée et dans le

monde professionnel. Il ne s’agit plus seulement de santé physique, mais d’un équilibre

global, qui inclut la dimension mentale, émotionnelle, sociale et parfois spirituelle.

En tant que dirigeant, je pense que l’entreprise a un rôle à jouer, mais dans une certaine

mesure. Je reste prudent face à certaines tendances comme celle des Happiness

Managers" : le bien-être ne peut pas être standardisé ni imposé. Il est profondément

personnel, et chacun doit pouvoir le construire à sa manière, en fonction de son histoire, de

sa culture, de ses besoins.

Dans des sociétés où les traditions, les solidarités communautaires ou les médecines

holistiques sont centrales, ces dimensions doivent être respectées et, si possible, intégrées

dans une approche plus inclusive du bien-être. Le rôle de l’entreprise, selon moi, est de

créer un environnement où chacun peut s’épanouir, se sentir respecté, protégé, et libre de

trouver son propre équilibre , y compris en lien avec ses origines et ses pratiques

culturelles.


Quel message souhaiteriez-vous adresser aux jeunes talents issus de cultures

africaines qui souhaitent conjuguer réussite, enracinement et modernité dans leur

parcours personnel et professionnel ?

Je crois profondément que nos origines et notre culture sont des forces, des racines dans

lesquelles puiser pour construire son équilibre, sa confiance et son identité. Elles ne sont pas

un frein, mais un socle. Dans un monde globalisé, savoir d’où l’on vient est une richesse

précieuse, à condition de rester ouvert à ce qui est différent.


Réussir, c’est aussi savoir conjuguer enracinement et ouverture. Être fier de ses racines, tout

en étant curieux des autres cultures, permet de développer une vision plus large, plus

nuancée, et donc plus forte. La diversité n’est pas un obstacle, c’est une ressource

supplémentaire, un levier d’innovation et de créativité.


Mon message serait donc : restez fidèles à ce qui vous constitue, mais ne vous enfermez

pas dans une seule lecture du monde. Soyez à l’écoute, adaptez-vous, et transformez cette

double richesse , la vôtre et celle des autres , en moteur de votre développement

personnel et professionnel.

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