Émile-Gros-Raymond Nakombo

Chapeau :
Maire de Bangui et Président du Réseau des Maires d'Afrique Centrale, Émile-Gros-Raymond Nakombo a placé le bien-être au cœur de son action publique. Dans cette interview inspirante, il dévoile son parcours, ses engagements, et ses initiatives pour faire de la santé mentale et physique une priorité dans sa ville et au-delà. Découvrez comment ce leader visionnaire mobilise ressources et résilience pour bâtir une communauté plus forte, et façonner un avenir durable pour l'Afrique entière.

 

« Le bien-être mental et physique est un enjeu crucial, non seulement à Bangui, mais dans toute l'Afrique. » 

1. Votre parcours et engagement pour le bien-être :
Pouvez-vous nous parler de votre parcours personnel et de ce qui vous a motivé à entrer dans la vie publique, notamment en tant que maire de Bangui ?

Réponse :

Je suis entré en politique avec la conviction profonde que le bien-être des citoyens doit être au cœur de toute action publique. Mon parcours a commencé dans le secteur privé, où j'ai dirigé plusieurs entreprises internationales, notamment la société de tabac CETAC S.A. Cette entreprise a permis de créer environ 150 000 emplois directs et indirects dans une zone rurale qui manquait d'infrastructures de base comme l'eau courante, l'électricité et les routes. À travers nos efforts, nous avons également attribué des bourses aux étudiants et apporté un soutien aux besoins locaux de la population. J’ai aussi contribué à l'implantation de la Banque Maroco en République Centrafricaine.

Issu d'une famille de notables, je suis naturellement sensibilisé aux attentes et aux réalités de la population. Mon parcours dans la vie publique s’inscrit dans cette continuité. En tant que Maire de Bangui, j'ai toujours cherché à mettre l'humain au centre de mes décisions. Mes responsabilités incluent également des fonctions au niveau national et régional : Président de la Délégation spéciale de la Ville de Bangui, Président de l’Association des Maires de Centrafrique (AMCA), Président du Réseau des Maires d'Afrique Centrale, Vice-président de CGLUA (Cités et Gouvernements Locaux Unis Afrique), Président de l’Association des Maires des Villes et Communes de l’Oubangui, et Ambassadeur Climat pour la Zone subsaharienne. Mon engagement repose sur l'idée que chaque citoyen mérite de vivre dans un environnement sain et sécurisé, où son bien-être est une priorité.

Quel rôle le bien-être joue-t-il dans votre propre vie et votre leadership ? Avez-vous des pratiques ou des routines personnelles pour gérer le stress et rester équilibré ?

Réponse :

Le bien-être est pour moi un équilibre essentiel. Je crois fermement qu'un leader doit être en harmonie avec lui-même. Pour gérer le stress et rester productif, je pratique quotidiennement la méditation et le sport. Ces habitudes m'aident à maintenir un esprit calme et concentré, ce qui est indispensable dans l'exercice de mes responsabilités.

2. Le bien-être mental et physique en Afrique
Vous avez un engagement fort envers le bien-être de la population africaine. Selon vous, quelles sont les priorités pour améliorer la santé mentale et le bien-être dans les communautés africaines ?

Réponse :

Le bien-être mental et physique est un enjeu fondamental, non seulement à Bangui, mais à travers toute l'Afrique. À mon avis, il est crucial d'améliorer l'accès aux soins de santé et de lutter contre la stigmatisation autour de ces sujets. Nous devons également renforcer les infrastructures de santé, en particulier dans les zones rurales, pour répondre aux besoins de nos populations.

Comment favorisez-vous les discussions autour de la santé mentale et du bien-être dans votre commune, surtout dans des cultures où ces sujets sont parfois tabous ?

Réponse :

À Bangui, nous avons lancé des campagnes de sensibilisation sur la santé mentale pour encourager les citoyens à parler de leurs difficultés et à adopter des pratiques sportives régulières. En collaboration avec des ONG et des acteurs locaux, nous organisons des ateliers pour éduquer la population sur l’importance du bien-être psychologique. Ces initiatives font partie intégrante du plan de développement de la ville, car nous savons qu'une population en bonne santé mentale et physique est une force pour construire une communauté solide.

Quels défis spécifiques avez-vous rencontrés dans vos initiatives de bien-être à Bangui et comment les avez-vous surmontés ?

Réponse :

Les défis sont nombreux, notamment le manque de ressources et d’infrastructures. Cependant, en persévérant et en collaborant avec nos partenaires, nous avons accompli des avancées significatives, comme la création de centres de bien-être communautaires.

3. Initiatives et projets concrets
Pouvez-vous nous parler de quelques projets clés que vous avez mis en place pour améliorer la santé mentale et physique de vos citoyens ?

Réponse :

Nous avons mis en place plusieurs projets à Bangui pour promouvoir le bien-être des citoyens. Parmi eux, l’initiative du "Semi-marathon de Bangui", qui encourage l’activité physique avec une course ayant mobilisé environ 1 000 athlètes en janvier 2023. Nous avons également amélioré l'accès aux soins de santé de base en ouvrant de nouveaux centres de santé et en sensibilisant les écoliers et les travailleurs aux questions de santé mentale.

Travaillez-vous avec des organisations internationales ou régionales pour renforcer ces initiatives ? Quels impacts concrets ces collaborations ont-elles eu sur vos actions locales ?

Réponse :

Nous collaborons avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et d'autres partenaires régionaux pour renforcer nos capacités dans le domaine de la santé. Grâce à ces partenariats, nous avons pu former des agents de santé locaux et introduire des programmes de bien-être qui bénéficient directement à la population. Les effets sont tangibles, notamment avec une meilleure prise en charge des maladies chroniques et la réussite de campagnes de vaccination.

En tant que Président du Réseau des Maires d’Afrique Centrale, quelles stratégies avez-vous partagées avec d'autres maires pour promouvoir le bien-être dans leurs communautés ?

Réponse :

En tant que Président du Réseau des Maires d’Afrique Centrale, j’ai encouragé mes homologues à voir le bien-être de manière globale, au-delà de la santé physique et mentale, en intégrant aussi l’éducation, la protection de l’environnement et la promotion culturelle. Ces initiatives visent à offrir aux citoyens un cadre de vie plus épanouissant.

4. Leadership et résilience
En tant que leader, comment faites-vous face aux pressions et responsabilités tout en maintenant votre propre bien-être ?

Réponse :

Le leadership consiste à inspirer et à guider tout en prenant soin de soi-même. Pour rester équilibré dans mes responsabilités, je m'entoure d’une équipe compétente et veille attentivement à mon bien-être personnel. La résilience est essentielle pour moi, surtout en période de crise. La meilleure façon de surmonter les défis est d'écouter la population et de créer des solutions durables.

Selon vous, quelles sont les clés pour bâtir une communauté résiliente capable de surmonter les défis économiques, sociaux et sanitaires ?

Réponse :

Pour bâtir une communauté résiliente, il est crucial de mobiliser toutes les forces de la ville – jeunes, femmes, entrepreneurs et responsables locaux – afin de relever ensemble les défis. Ma vision est de faire de Bangui une ville inclusive, écologique et intelligente, où chaque citoyen peut contribuer à son propre succès et au développement collectif.

Quelle est votre vision à long terme pour l’Afrique en matière de santé publique, de bien-être mental et de développement communautaire ?

Réponse :

Je rêve d'une Afrique qui soit leader en santé publique et en bien-être, soutenue par l'innovation et la coopération entre les collectivités locales. Mon objectif pour Bangui est d'en faire un modèle de résilience, où les communautés sont préparées à surmonter les défis sanitaires, économiques et sociaux.

5. Conseils et héritage
Quels conseils donneriez-vous à un jeune leader africain qui souhaite intégrer le bien-être dans son approche de leadership ?

Réponse :

Mon principal conseil aux jeunes leaders africains est de garder le bien-être des citoyens comme priorité absolue. Un leader doit rester proche de sa communauté, écouter ses préoccupations et prendre des décisions qui favorisent un développement durable. Intégrer le bien-être dans le leadership contribue à construire des sociétés plus justes et équilibrées.

Enfin, comment aimeriez-vous que votre héritage soit perçu en tant que leader et en tant qu’être humain ?

Réponse :

J'aimerais être reconnu comme un leader humaniste, ayant placé ses concitoyens au centre de son action. Mon souhait est que mes efforts pour améliorer la qualité de vie à Bangui et promouvoir le bien-être laissent une trace positive et durable, non seulement pour cette génération mais pour les suivantes.

Pamela Annick N'guessan